écrits poétiques

29.01.2025

29.01.2025

Le vent balaie les feuillages

Tout reprend place

Dans un souffle

Le grand mécanisme invisible

Toujours

Les rancœurs s’éteignent

Flammèches rapides

 

Lèvres écloses

Les pierres murmurent

À toi qui tends l’oreille

L’heure de l’envol

25.01.2025

25.01.2025

Apprends à aimer

Entre les taillis de ronces et le ciel bas

Apprends à aimer doucement

À recueillir du bout des doigts

Ce qui est déposé à tes pieds

Un oiseau inerte ou une tenue de bal

Une tragédie grecque, un diamant

Ce qui fourmille et grouille

Dans un sac de mauvaise toile

 

Dans la brume des jours

Soupèse

 

Jette loin de toi

Ce qui te gratte et te ruine

Ce qui te nuit

Trouble ton ombre

Dans un même élan

 

11.12.2024

11.12.2024

La neige a la voix du velours

Son voile de brume

Gomme les contours

Le monde cesse d’exister

Dans un chalet où le feu crépite

Je suis campée au sommet

Tout en-haut des 118 marches

Si je franchissais la 119ème

Ressentirais-je plus d’amour ?

Je ne serais plus chez moi

L’éclat des petites choses

Bancales imparfaites

Aurait disparu

118 marches,

Pas une de plus,

Pour mon royaume

10.12.2024

10.12.2024

Dans le clair du torrent, là où

l’eau est transparente, de grises

pierres respirent.

Invisibles branchies 

palpitant dans le courant.

 

 

Elle en saisit deux, les lisse sous

ses doigts, les plaque contre ses joues.

 

Dans l’herbe, les cailloux sont silencieux.

Sont-ils ils, sont-elles elles ?

 

Elle cligne des yeux, son ombre

masculine se campe fière,

l’ombre féminine sinue avec  grâce.

 

La lumière s’épand sur la roche.

Entre ses côtes, 

chevreuils et biches s’ébrouent.

06.10.2025

06.12.2024

Caresser des noix

Et parler aux animaux sauvages

M’enrouler dans la laine du ciel

Sans bruit flotter

Jusqu’à sentir mon plumage originel

J'EMBRASSE TA CHEVELURE​

Chère Ada,

 
La nuit est tombée, lourde, sur mon village.
 
Depuis des mois, je cherche à t’éloigner, je t’efface par petites touches, je gomme les contours de ton visage, de ta voix. Je me libère de toi.
Quand j’y parviens presque, tu ressurgis. Si je ne t’aimais pas autant, je dirais que tu es insupportable. Tu es celle qui revient quand on n’y croit plus.

Quand même, merci pour ta lettre. Je l’ai lue les cils humides. J’ai affiché l’enveloppe fleurie dans ma cuisine puis j’ai tout laissé en plan. Je n’ai pas songé à te résister, je me suis envolé vers toi.

Je me suis coulé dans une bague fine à ton doigt. Pas l’anneau doré qui a l’air d’une alliance. L’autre, aussi délicate, qui la surmonte, ornée d’une pierre transparente et biseautée qui fragmente la lumière. J’étais à ton doigt un jour durant.

Tu n’as pas senti ma présence.

J’étais avec toi chez la manucure. Tu peux être superficielle parfois. Amoureuse des éclats faciles, du brillant, du papier glacé.

Pourtant je t’ai entendu murmurer :

– Moi je n’aime pas les femmes trop soignées.

La manucure a sursauté :

– On n’est jamais trop soigné.

Tu as rétorqué :

– J’aime un maquillage léger, l’élégance raffinée, pour autant que cela ne vire pas à l’obsession, que cela ne masque pas un vide. Je crois aussi que le temps passé à se malaxer-botoxer le visage est du temps prélevé sur la tendresse.

La sophistication extrême révèle une faille, la crainte d’être soi, le besoin de se dissimuler derrière des paillettes. J’aime les femmes assez naturelles. Celles qui n’ont pas un deuxième visage sous la couche de fond de teint.

Et j’aime te voir décoiffée, les cheveux au vent sur ton vélo. C’est ainsi que tu es la plus intrépide, la plus sauvage, la plus séduisante.

J’ai vu ton émotion vive lorsque ta fille a évoqué la détresse psychologique de son amie. La souffrance de cette adolescente te transperce. Nos impuissances douloureuses.

Ta fille avait envie de parler. J’ai vu votre complicité renouvelée. Ton émotion encore lorsque vous avez évoqué Gaza et Isräel, ces déchirures qui défigurent le berceau de l’humanité.

Je ne sais pas pourquoi tu m’écris à nouveau, mais je sens qu’une douceur nouvelle éclot en toi… Je sais aussi que tes cyclones intérieurs peuvent se lever d’un instant à l’autre, imprévisibles. Serais-tu vexée si je te dis qu’avec le temps, tes tornades m’attendrissent?
J’ai fait mine de t’oublier, pourtant la magie de tes gestes demeure, sceau invisible.
 
Accroche-toi à la douceur.
 
J’embrassse ta chevelure, souple et soyeuse. Comment aurais-je pu en oublier la couleur ?
 
Theus