écrits poétiques

11.12.2024

11.12.2024

La neige saupoudre son velours

Un voile de brume

Gomme les contours

Le monde n’existe plus

Dans un chalet où le feu crépite

 

Campée au sommet

En-haut des 118 marches

Si je franchissais la 119ème

Ressentirais-je plus d’amour ?

 

Je ne serais plus chez moi

L’éclat des petites choses

Bancales, imparfaites

Aurait disparu

118 marches,

Pas une de plus,

Pour mon royaume

10.12.2024

10.12.2024

Dans le clair du torrent, là où

l’eau est transparente, de grises

pierres respirent. Invisibles

branchies palpitant dans le

courant.

 

Elle en saisit deux, les lisse sous

ses doigts, les plaque contre ses

joues.

Dans l’herbe, les cailloux sont silencieux.

Sont-ils ils, sont-elles elles ?

 

Elle cligne des yeux, son ombre

masculine se campe fière,

l’ombre féminine sinue avec

grâce. La lumière s’épand sur la

roche. Entre ses côtes, chevreuils

et biches s’ébrouent.

 

06.10.2025

06.12.2024

Caresser des noix

Et parler aux animaux sauvages

M’enrouler dans la laine du ciel

Sans bruit flotter

Jusqu’à sentir mon plumage originel

15.03.2024

15.03.2024

Tu disperses sur mon cœur des émotions vives

Un petit essaim bourdonnant qui me suit partout

L’entrelac de tes bras au matin pluvieux

M’imprègne

Comme un tatouage sacré

De ceux qu’un moine au visage grave

Exécute avec de fines aiguilles

Au milieu d’une forêt primaire

Dans une cabane connue seulement des initiés

04.03.2024

04.03.2024

 

Leurs haleines mêlées dans de lents baisers

pudiques

Avaient allumé un brasier

Que le souffle de l’aube raviva

Faisant imploser chaudière et conduites de

l’immeuble

Ils s’enlacèrent

Les chants des oiseaux étiraient le ciel

À jeudi, dit-elle

J'EMBRASSE TA CHEVELURE​

Chère Ada,

 
La nuit est tombée, lourde, sur mon village.
 
Depuis des mois, je cherche à t’éloigner, je t’efface par petites touches, je gomme les contours de ton visage, de ta voix. Je me libère de toi.
Quand j’y parviens presque, tu ressurgis. Si je ne t’aimais pas autant, je dirais que tu es insupportable. Tu es celle qui revient quand on n’y croit plus.

Quand même, merci pour ta lettre. Je l’ai lue les cils humides. J’ai affiché l’enveloppe fleurie dans ma cuisine puis j’ai tout laissé en plan. Je n’ai pas songé à te résister, je me suis envolé vers toi.

Je me suis coulé dans une bague fine à ton doigt. Pas l’anneau doré qui a l’air d’une alliance. L’autre, aussi délicate, qui la surmonte, ornée d’une pierre transparente et biseautée qui fragmente la lumière. J’étais à ton doigt un jour durant.

Tu n’as pas senti ma présence.

J’étais avec toi chez la manucure. Tu peux être superficielle parfois. Amoureuse des éclats faciles, du brillant, du papier glacé.

Pourtant je t’ai entendu murmurer :

– Moi je n’aime pas les femmes trop soignées.

La manucure a sursauté :

– On n’est jamais trop soigné.

Tu as rétorqué :

– J’aime un maquillage léger, l’élégance raffinée, pour autant que cela ne vire pas à l’obsession, que cela ne masque pas un vide. Je crois aussi que le temps passé à se malaxer-botoxer le visage est du temps prélevé sur la tendresse.

La sophistication extrême révèle une faille, la crainte d’être soi, le besoin de se dissimuler derrière des paillettes. J’aime les femmes assez naturelles. Celles qui n’ont pas un deuxième visage sous la couche de fond de teint.

Et j’aime te voir décoiffée, les cheveux au vent sur ton vélo. C’est ainsi que tu es la plus intrépide, la plus sauvage, la plus séduisante.

J’ai vu ton émotion vive lorsque ta fille a évoqué la détresse psychologique de son amie. La souffrance de cette adolescente te transperce. Nos impuissances douloureuses.

Ta fille avait envie de parler. J’ai vu votre complicité renouvelée. Ton émotion encore lorsque vous avez évoqué Gaza et Isräel, ces déchirures qui défigurent le berceau de l’humanité.

Je ne sais pas pourquoi tu m’écris à nouveau, mais je sens qu’une douceur nouvelle éclot en toi… Je sais aussi que tes cyclones intérieurs peuvent se lever d’un instant à l’autre, imprévisibles. Serais-tu vexée si je te dis qu’avec le temps, tes tornades m’attendrissent?
J’ai fait mine de t’oublier, pourtant la magie de tes gestes demeure, sceau invisible.
 
Accroche-toi à la douceur.
 
J’embrassse ta chevelure, souple et soyeuse. Comment aurais-je pu en oublier la couleur ?
 
Theus